Me voici donc à la montagne,
aux Contamines-Montjoie. De la terrasse du chalet que nous avons loué et sur
laquelle, je me suis installé cet après-midi, tandis que les
« autres » sont partis se promener, je jouis d’un moment de solitude,
j’ai sorti mon ordinateur et prend plaisir à venir ici poser ces mots, je
laisse mon regard se promener, le clavier et l’écran, la pelouse devant moi, en
contrebas l’équipe de jardiniers venus d’Italie qui « paysage » non
sans de sonores interjections le terrain d’un chalet voisin, ou bien, si je
lève le nez, quinze cent mètres au-dessus de moi, la calotte imposante des
Dômes de Miage…
Je connais bien cette
vallée. J’y suis venu enfant car ma mère y avait sa plus grande amie d’enfance
chez qui nous venions assez souvent passer des vacances. Puis j’y suis revenu
adulte, les grands parents de ma femme y avaient un chalet où nous avons
séjourné à de nombreuses reprises, tant l’été que l’hiver, seuls ou avec nos
enfants et au milieu d’une cousinade multiple. Après la mort des
grands-parents, il y a une quinzaine d’années, le chalet a dû être vendu et
nous n’étions pas revenus dans la région. Nous sentions bien qu’un séjour ici
ferait un immense plaisir à la mère de ma femme qui elle avait fréquenté cette
vallée, depuis sa plus tendre enfance, depuis le moment où son père avait fait
construire le chalet en 1935. On a donc décidé de cette location et du coup on
a aussi invité mon propre père à se joindre à nous.
Le temps est beau et nous avons
randonné presque tous les jours depuis notre arrivée, d’autant que nous avons
été rejoints par des amis très marcheurs. Nous nous organisons pour trouver des
parcours permettant que chacun puisse avoir son content d’heures de marche et
de dénivelée puis qu’on se retrouve ensuite quelquepart sur les pentes. Que les
portables sont pratiques pour ça ! Hier nos amis sont montés au sommet du
Mont-Joly, moi j’ai amené mon père à mi-pente (six cent mètres de dénivelée
quand même, à quelques jours de ses 87 ans, je l’admire !), ma femme a
marché avec sa mère un peu moins haut et nous nous sommes tous retrouvés à
l’ombre d’un chalet, face au Mont-Blanc avant de terminer la descente ensemble,
calé sur le pas le plus lent. Il y a quelque chose qui me touche infiniment
plus dans ses simples activités partagées que dans n’importe quelle
« réunion de famille » organisée de façon plus ou moins obligatoire à
l’occasion de tel ou tel évènement du calendrier.
La marche, l’aération de
l’esprit, me font mettre à bonne distance toutes les petites interrogations et
anxiétés que j’ai pu avoir au moment de mon départ de Paris. A vrai dire je me
fous des expos que je rate et des films qui me passent sous le nez. D’ailleurs
je ne sais même pas ce que je rate et ne m’en préoccupe pas. Guère plus de la vie
du monde d’ailleurs ! Je parcours mon journal (tout de même je l’ai fait
suivre !) mais je lis tout ça d’un peu haut, c’est le cas de le dire. Je
suis resté sans connexion plusieurs jours, là ça y est, j’ai rebranché, du coup
je publie en même temps que celui-ci un billet écrit pour l’essentiel la veille
du départ de Paris, mais que je n’avais pas eu le temps de peaufiner et de
mettre en ligne dans la bousculade du départ.
C'est intéressant ces deux textes quand on les met en parallèle…
RépondreSupprimer— Le Bernard de la Capitale — le Bernard des campagnes…
En lisant le premier, je me disais mais Paris va certainement beaucoup lui manquer… ( Culture, cinéma, expos, vie parisienne…)
En lisant le deuxième, je pensais à ton ouverture sur d'autres modalités de vie…
Un retour aux sources, pour y boire autrement…
Quand on est aux Contamines, on fait évidemment l'excursion du Col du Bonhomme. Je compte sur vous pour nous en parler.
RépondreSupprimerCarmilla