Pages

jeudi 26 juillet 2012

Chaleur


Il fait merveilleusement beau. Le ciel est toujours parfaitement dégagé, il n’y a pas de brume, la lumière est belle. Pas de vent violent non plus, l’Autan, si pénible, n’a pas soufflé une seule fois depuis notre arrivée ici. De jour en jour la chaleur monte. 33 l’après-midi puis 35 puis 37 annoncé pour aujourd'hui.
Pour autant ce n’est pas la canicule. Il y a presque toujours une brise légère qui rafraichit un peu. Les nuits restent fraîches et, le matin, prendre le petit déjeuner sur la terrasse avant le soleil puis avec son apparition au travers des branches du cèdre, est délicieux.
La maison reste fraîche derrière ses murs épais. Nous prenons les précautions qu’il faut en fermant presque complètement volets et fenêtres dès que monte le soleil. Autant la chaleur subie, le soleil trop fort sur une plage ou lors d’une randonnée lorsqu’on marche au soleil m’est insupportable, (j’ai, le plus souvent, cherché à éviter dans mes voyages les destinations trop chaudes), autant je jouis de celle-ci, dont on peut se protéger. 

Le midi nous mangeons sur la terrasse du jardin, à l’ombre bien sûr, mais la chaleur commence à peser. Souvent nous allons ensuite prendre notre café, sur l’autre face de notre maison, à la terrasse du bar qui jouxte notre porte. Nous sirotons tranquillement en observant la vie qui redémarre laborieusement sur la place après la coupure méridienne et dans la chaleur de l’après-midi qui s’avance. Plaisir après de remonter dans les chambres fraîches, lire, écrire, s’assoupir, profiter de cette lumière si douce et si reposante qui se diffuse par les interstices des volets presque complètement fermés, une lumière ténue mais qui suffit cependant pour lire sans allumer l’électricité, une lumière qui, comme le bourdonnement qui monte de la tonnelle où s’activent les abeilles, fait intensément deviner la chaleur du dehors et accroît de ce fait la jouissance que l’on a de la ressentir sans la subir. Ce n’est qu’en fin d’après-midi que nous sortons pour un tour de vélo, une promenade à pied ou une baignade dans la belle lumière du soir.

Il se trouve que mon actuelle lecture de sieste est « Le pôle intérieur ». C’est un récit de vie tout à fait intéressant de Jean-Louis Etienne qui me mène de son enfance dans le sud du Tarn, tout près d’ici, à ses diverses aventures de navigateur, d’alpiniste, d’explorateur et de défenseur de la planète. Le livre va au-delà des simples anecdotes vendeuses ou des généralités de la bonne conscience écologiste. Il livre avec finesse et sincérité les réflexions de son auteur sur ses motivations de chercheur d’exploits, sur ses contradictions, sur ce que ses expériences souvent extrêmes ont pu changer en lui, comment elles l’ont aidé à trouver le chemin de son propre « pôle intérieur ». La mythologie de l’exploit y est tempérée par une humilité qui ne semble pas de façade. L’amusant est que je suis en plein dans le récit de ses expériences polaires : le blizzard et les froids à moins 50 sont un plaisant contrepoint à la montée du thermomètre autour de moi.

Rédigeant ceci je pense à l’ami Nuages et à sa détestation de la chaleur et de l’été (décidément les amis blogueurs ne cessent de s’inviter dans mon écriture !), j’aime à lui offrir cette sorte de « bon usage » de la chaleur, en tout cas, tel que je la vis en ce moment ici.

***

En vérité ce billet météorologique, écrit tout à l’heure à la sieste n’est plus valable ce soir au moment où je le publie. Le temps a changé. La lumière est devenue plate, le ciel est devenu blanc avant de se charger de nuages. Lorsque nous sommes montés nous baigner vers six heures nous avons cru à l’arrivée imminente de l’orage. Mais il y a eu un grand coup de vent d’Autan, le lac était comme une petite mer, en nageant on se prenait des vaguelettes pointues et déferlantes au coin du nez. Puis le vent est tombé aussi soudainement qu’il s’était déclenché. Il y avait à nouveau un grand coin de ciel bleu au-dessus de nous et une belle lumière. Caprice des météores ! L’orage n’est pas venu mais l’ambiance dehors n’est plus celle des soirées précédentes, la fraîcheur nocturne tarde à venir, l’ambiance est chaude d’une autre façon, bien plus lourde, bien plus menaçante. Oui le temps a changé…

2 commentaires:

  1. Je conserve un souvenir traumatisant d'un séjour professionnel d'un mois effectué dans le Sud-Ouest en plein été.

    Depuis, je n'ai plus du tout envie d'aller dans la région, sauf peut-être en hiver.

    Carmilla

    RépondreSupprimer
  2. Et moi, je lis avec délectation ton billet si bien écrit . Et je remémore un week-enk passe au bord de ce lac, dans un moulin, les promenades autour de lac et les baignades dans l'eau fraiche. Nous étions une trentaine, entourant ma soeur pour fêter ses 40ans. Je garde un souvenir ému de ces moments, ou elle était encore en pleine santé. Depuis elle marche a peine, et son meilleur ami est décédé. Il faudrait avoir pleine conscience de tous les moments privilégiés que l'on vit au moment ou on les vit, pour les savourer deux fois plus encore...

    Cassy

    RépondreSupprimer