Cela fait six mois
maintenant que j’ai repris, cahin-caha, une écriture de blog.
Mais je n’ai pas
véritablement trouvé mes marques. Et ni non plus retrouvé la complète motivation
donc le plaisir d’écrire que j’ai pu ressentir aux meilleurs moments de mon
expérience de blogueur. Disons que ma motivation est fluctuante comme l’atteste
l’irrégularité de mes billets. Et ma « ligne éditoriale », si j’ose
dire, peu claire.
L’idée au départ de cette
reprise était d’écrire un blog plutôt tourné vers mes activités publiques. Puisque
désormais j’étais clairement identifié, que je renonçais au pseudonyme, je me
voyais organiser de façon plus volontariste la synergie entre mon blog et mes
activités, notamment celles que je mène au sein de l’APA. Encore faudrait-il
alors que je joue le jeu pour faire vivre un blog public, que je le promeuve,
que j’intervienne chez d’autres et joue le jeu des commentaires, voire que je réactive
mon compte Facebook quasi jamais utilisé ou que je crée un compte Twitter pour
dynamiser tout ça. Il aurait fallu alors que j’intègre ici les articles que je
donne à la revue de l’association, que je relaie plus systématiquement ses
activités et spécialement celle auxquelles je participe, voire que j’anime.
Mais je n’ai pas vraiment le réflexe. Je n’ai même pas pensé par exemple à
promouvoir une rencontre et séance de lecture de textes que j’ai animé
récemment dans une librairie, je n’ai pas évoqué ce blog avec les participants à
cette rencontre pour faire d’eux, peut-être, des lecteurs. En vérité je ne me
sens pas vraiment motivé par une telle démarche active et je continue plutôt la
façon de faire de mon ancien blog, mais en étant entravé pour certains sujets
par son caractère public.
Je m’étais dit aussi que je
donnerai au blog les articles et notes de lecture que j’écris pour la revue ou
le site. En fait je ne le fais pas. Une note de lecture pour l’APA cherche à présenter
un livre, à donner envie de le lire. Bien sûr c’est aussi un regard subjectif
mais nettement moins que dans les billets de blog tel que j’aimais à les faire,
où je me centrais sur l’écho que produisait la lecture en moi-même. Je m’en
suis bien rendu compte par exemple avec les compte-rendus que j’ai donné
récemment sur Autobiographie des objets
de François Bon ou sur Journal d’un corps
de Pennac. On peut les lire sur le site de l’APA ici. Pour le blog je les aurais
certainement rédigés de façon assez différente, m’interrogeant sur mes propres
objets fétiches ou pointant chez Pennac des pages qui me touchaient, je vois
bien lesquelles, pour avoir vécu moi-même des choses analogues ou pour les
redouter, je me serais penché sur des propres ressentis dans de telles
occasions, semblables ou différents, voire opposés et ce serait le questionnement
de ces différences qui m’aurait intéressé. Mais je trouve fastidieux de rédiger
deux approches à partir d’un même livre. Et d’autre part, cette seconde
approche, notamment sur les questions autour du corps, pourraient me conduire à
exprimer des éléments très intimes peu compatibles avec un blog public sous mon
propre nom.
Et c’est là sans doute la
vraie difficulté. Peut-être rêvais-je d’agréger trop de choses dans ce nouveau
blog : le côté public, voir promotionnel, de mes activités apaïstes et le
retour a une expression plus intime, avec les échanges qu’elle permet dans le
cadre d’une intimité de réseau. Ce cheminement « sur la ligne de crête »
que j’aimais tenter de construire à chaque instant (aller au plus profond, au
plus juste, dans l’expression intime de soi tout en préservant l’intimité
d’autrui) qui était possible dans un blog anonyme, (ou du moins cherchant à
conserver un semblant d’anonymat), ne l’est plus dans un blog délibérément
public sous mon nom propre (et même s’il n’est pas plus lu, voire moins, que
mon ancien blog). Plus d’une fois ces derniers temps j’ai eu envie d’écrire en
réaction à certains billets lus ici ou là, notamment chez Pierre, mais cela
m’aurait mené à des considérations qui n’auraient pas eu leur place ici. J’ai
aussi en magasin quelques récits de rêve et de considérations sur ce qu’ils
semblaient vouloir dire de moi que j’ai volontairement laissé de côté mais que
j’aurai publié avec plaisir dans un blog moins ouvert.
J’en suis donc à me demander
si je ne suis pas là dans un entre deux insatisfaisant et si je ne devrais pas
ouvrir un second blog, celui là sous anonymat aussi strict que possible et dont
je ne confierai l’adresse qu’à un petit nombre de mes vieux blogamis, et que
laisserai découvrir au hasard des navigations par d’autres promeneurs du net. Mais
en ai-je suffisamment envie ? Ma volonté d’écrire et d’échanger sur ces
aspects plus intimes est-elle suffisante pour que je relance un autre blog ?
Ne s’agit-il de brèves poussées de nostalgie et du fantasme de retrouver les
échanges et les complicités de l’âge d’or de mon temps de blog ? Car est-ce
même possible ? Le contexte a changé (la blogosphère n’est plus qu’un
maillon parmi d’autres d’immenses océans communicationnels qui se sont
développés depuis), il n’y a plus l’attrait de la nouveauté et de la découverte
d’un nouveau monde, les affects que nous mettons à bloguer ne sont plus les
mêmes…
Bref je continue ici,
cahin-caha. Et je verrai pour un ailleurs, peut-être… Sans doute pas mais peut-être…
Vos lecteurs n'ont évidemment pas ces états d'âme et je pense que la plupart d'entre eux n'attendent pas que vous changiez. Peut-être même au contraire.
RépondreSupprimerContinuez donc sans vous poser de questions. C'est sûr qu'entretenir un blog devient de plus en plus difficile avec le développement des nouveaux réseaux sociaux. Mais le seul critère doit être celui de votre plaisir propre.
Carmilla
J'ai lu avec intérêt tes présentations de livres sur l'APA. C'est intéressant, bien écrit, documenté, mais c'est d'un très grand classicisme. On croirait un article dans une banale revue littéraire.
RépondreSupprimerLes présentations de livres que tu faisais sur ton blog étaient nettement plus intéressantes. Cela avait de la chair. La tienne. Parce que justement tu y mettais des ressentis et des idées personnelles. Qu'importe qu'ils soient subjectifs ! Au contraire ! Cela en faisait toute la richesse !
Donc, nous, tes lecteurs, nous y perdrons !
Ceci est un avis… Totalement subjectif !
:)
Ah là, là, Carmilla, si je ne me posais pas des questions parfois un peu oiseuses, je ne serais pas moi! Mais je me les pose non par rapport à mes lecteurs mais bien par rapport à moi même, à ce qui me donne le plus envie, donc le plus de plaisir d’écrire.
RépondreSupprimerOui, Alain, ce sont bien deux façons différentes d’écrire sur un bouquin, j'aime écrire d’une façon et de l’autre, mais je suis d’accord qu’un blog personnel qui voudrait être un peu plus qu’un blog culturel, devrait s’attacher plutôt à l’expression la plus personnelle, et c’est celle-ci qui d’ailleurs m’importe plus, d’où mon ambigüité actuelle, cette impression d’être dans un entre deux.
Merci pour ta réponse. (J'aime bien quand tu réponds aux commentaires…)
RépondreSupprimerJe complète mon commentaire précédent :
Pourquoi l'APA n'infléchirait-il pas à sa manière de présenter les ouvrages en ajoutant des propos plus personnels par l'auteur de la présentation ?
Cela donnerait une originalité qu'on trouve rarement ailleurs.
l'APA qui promeut quand même les aspects autobiographiques y trouverait une coloration très enrichissante, (de mon point de vue en tout cas…)
Avez-vous eu déjà, au sein de l'APA, ce genre de discussions sur la manière de parler des ouvrages mentionnés ?
Oui bien sûr on a eu ce genre de discussions et encore plus par rapport aux échos de lecture que nous rédigeons des textes qui nous sont confiés. Mais ce qui ressort est qu'il faut quand même essayer de donner une vue assez descriptive du texte même si bien sûr c'est toujours avec la subjectivité de chacun. L'expression encore plus personnelle et subjective c'est bien plutôt dans le blog personnel qu'elle a sa place.
RépondreSupprimerDis donc voilà que je réponds deux fois de suite aux com, waouh, quel exploit communicationnel! Sourire!