C’est drôle je suis à
nouveau dans une phase où je me souviens beaucoup de mes rêves ou du moins je
me souviens au réveil que j’ai rêvé et m’en sens marqué au moment d’entrer dans
ma journée.
Je suis dans une sorte de
congrès. Je partage ma chambre avec une jeune femme. Nous nous caressons
mollement mais nous sommes dans l’incapacité de parler ensemble, d’évoquer ce
qui constitue notre relation et cela me pèse terriblement. C’est un congrès
d’universitaires, les gens forment des tandems pour préparer des prestations à
deux, articles ou conférences, mais je ne suis associé à rien, je regarde, je
me sens extérieur, j’ai l’impression même d’être transparent, que l’on ne me
voit pas. Par la fenêtre j’aperçois la jeune fille qui partageait ma chambre,
c’est vraiment une gamine, elle joue et chahute avec d’autres ados, je sors à
mon tour, il n’y a plus personne, juste une campagne triste sur laquelle il se
met à pleuvoir…
Je suis déjà retraité mais
je retourne au bureau, je me préoccupe du rapport annuel d’activité, je me dis
avec anxiété que je dois le faire tout en sachant que ce n’est pas à moi en
vérité de le faire et qu’au demeurant je n’en ai pas les éléments. J’ouvre un
tiroir, qui est une sorte de tiroir secret, auquel mon successeur n’aurait pas
eu accès, il est rempli de clés, dont je dois me débarrasser et ce faisant j’ai
le sentiment d’accomplir un geste qui me sépare de l’étape antérieure de ma
vie, d’une façon nouvelle, cette fois, radicale, irrémédiable…
Dans ces rêves, le premier
il y a deux nuit, le second la nuit dernière, pas d’images fortes, de
succession saillantes et nettes d’évènements, juste des bribes floues que je
rattrape au vol et que j’écris sans les visualiser vraiment, contrairement à ce
qui avait été le cas pour le rêve évoqué dans le précédent billet. Mais de ces
deux rêves mous, il me reste au réveil une persistante sensation de mal-être,
un sale goût dans la bouche, l’impression si forte d’en être, non dans le rêve
mais dans la vérité du matin qui s’ouvre, au temps des portes fermées, de la
spirale descendante de la vie.
Il y a une sorte de
paradoxe. Le rêve de mon précédent billet était violent, il se terminait de
façon proprement cauchemardesque, lorsque je me retrouvais accroché au dos
d’une vieille sorcière, secoué dans des trous d’air et pourtant je m’en
éveillais dans une sorte d’allégresse. Comme si le plaisir pris à la découverte
de la création onirique, la vivacité de l’imaginaire qu’elle révèle, la
puissance des images, en gommait les soubassements effrayants. Alors que dans
ceux-ci, plus ternes et dont les images sont parvenues difficilement à ma
conscience, toute la place est restée à l’état d’esprit sous-jacent.
Ca a été abondamment développé par nombre d'écrivains mais c'est toujours troublant. C'est le thème du rêveur rêvé. De quels côtés se situent le rêve et la veille ? Et si notre vie quotidienne, celle que nous croyons réelle, n'était que le rêve (ou le cauchemar) de notre vie onirique qui, elle, est notre réalité première...
RépondreSupprimerCarmilla
Oui, c'est aussi la fameuse parabole du philosophe chinois qui se rêvait papillon et se demandait s'il n'était pas un papillon se rêvant philosophe chinois...
RépondreSupprimer