Le vent, le fameux et
terrible vent d’Autan, s’est mis de la partie depuis hier et devrait persister
quelques jours, cependant en s’atténuant progressivement dès demain. Je l’avais
un peu oublié celui-là ! C’est la seule plaie météorologique de l’endroit,
au point que lorsque, avec D., nous avons commencé à envisager de venir nous
installer ici, c’était un des éléments qui la faisait hésiter. Mais fort
heureusement il ne souffle pas très souvent. Depuis notre arrivée à l’automne, il
ne s’était quasiment pas manifesté, sinon par quelques très brèves poussées qui
ne comptent pas. Ce qui porte sur les nerfs c’est la persistance. Là on y est,
depuis deux jours il est fort et continu, avec en plus beaucoup de rafales
violentes, autour de 100/110 km/heures. Je ne connais pas trop la météorologie
saisonnière du coin mais je pense que ses épisodes durables sont plus des
phénomènes de printemps ou d’été que d’hiver et nous y voici.
C’est l’arrière de la
maison, tourné vers l’est, là où nous avons les chambres qui est le plus
exposé. Il nous faut alors garder les volets fermés (on dit contrevents ici, ce
n’est pas par hasard), car les petits crochets qui les maintiennent ouverts, ne
suffisent pas à les retenir, après une bourrasque violente, ils peuvent se
mettre à claquer, faisant un boucan épouvantable. Mais même avec cette
précaution, cette nuit j’ai été réveillé, simplement par le mugissement entre
les branches des arbres, par les craquements des volets et les vibrations des
vitres, par les courants d’air même qui parviennent à sa faufiler jusque dans
la maison, malgré les volets fermés, malgré les fenêtres closes. J’ai cru cette
nuit d’ailleurs que la fenêtre, qui est juste à la tête de mon lit, s’était
ouverte tant je sentais le fil de l’air sur mon visage. Mais non, c’était juste
le courant d’air passant par les interstices. Pas très bien isolé tout ça, mais
je suis attaché à ces grandes vieilles fenêtres traditionnelles en bois et je ne
voudrais certainement pas en changer, même si j’en avais les moyens.
J’aime bien les épisodes
météorologiques un peu spectaculaires. Marcher un moment dans le grand vent,
dans les sifflements et le vacarme des bourrasques, c’est assez plaisant. On
ressent son corps, qui est obligé de réagir et de lutter, comme profondément
vivant. S’arcbouter contre les rafales lorsque celles-ci nous stoppent net, se
sentir un peu tendu à voir tout ce qui tourbillonne dans le vent en se disant
qu’il ne faudrait pas que de plus grosses branches soient cassées et qu’on se
les prennent au coin du nez, c’est assez jouissif en fait. J’aime ces rappels
de la puissance de la nature, mon corps secoué est, au final, comme régénéré
par la confrontation aux éléments. Mais à condition que ça ne dure pas trop. La
première sortie est amusante, la seconde moins et on finit ensuite, sauf
obligation, par rester calfeutré dans la maison, ce qui devient vite pesant,
étouffant, d’autant plus que même si on est au chaud et à l’abri, le vacarme
lui ne s’apaise pas et les craquements continuels, les vibrations, le souffle
et les mugissements finissent à la longue par porter sur les nerfs.
A part ça, pour la première
fois depuis que je suis ici je ressens comme un manque. Va-t-il avec cette
météo pesante ? Pas vraiment car ce manque a commencé de me peser
insidieusement, d’abord sans que j’en ai vraiment conscience, depuis une quinzaine
de jours je pense, donc bien avant cet épisode venteux. Rien n’a changé
pourtant. Nous sommes encore occupés de diverses tâches d’aménagement. Nous
nous ébahissons toujours du bien-vivre provincial. Nous découvrons toujours,
quasiment chaque après-midi, des coins de la région que nous ne connaissions
pas encore ou pas en tout cas dans cette lumière et végétation d’hiver. Bref,
on ne s’ennuie pas. Les jours filent, plus vite qu’on ne souhaiterait. N’empêche.
Mes fréquentations « sur le pouce » de salles obscures ou d’expositions,
juste sur l’impulsion du moment, profitant de l’extraordinaire variété de ce qu’offre
Paris, commencent à me manquer. Je vois dans mon journal ou dans Télérama ce
qui sort, je lis des billets de blogs ici ou là, et je me dis : « Ah
oui, ceci ou cela, j’aurais certainement eu envie de le voir, j’y serais allé ».
Je sais, parfois j’étouffais de surconsommation culturelle, mais ici c’est un peu
l’inverse qui menace. Non qu’il ne se passe rien, ainsi ai-je vu dans le cadre
du ciné club de la ville le magnifique Gangs
of New-York de Scorsese, un grand Scorsese, un chef d’œuvre, que j’avais d’ailleurs
manqué lors de sa sortie, ainsi reverrais-je dimanche le tout aussi magnifique Incendies qui avait été un de mes films
préférés l’année de sa sortie. Mais je piaffe un peu à l’idée de certaines nouveautés
qui vont sans doute me passer sous le nez. Il est vrai que je n’ai pas été à
Paris depuis presque deux mois maintenant, nous ne nous sommes pas non plus
encore organisé pour aller au spectacle ou au cinéma à Toulouse, cela viendra,
c’est juste une question d’équilibre par encore tout à fait trouvé. Je ne m’inquiète
pas. Cela dit je serai à Paris pendant une quinzaine de jours dans la deuxième
partie de mars, mon emploi du temps est déjà assez encombré de rendez-vous divers,
de réunions, de rencontres amicales ou familiales, mais je gage que je
trouverai le temps de faire aussi une bonne petite orgie de cinémas et d’expositions.
Je ne sais pas pourquoi, mais en te lisant j'ai tout de suite à la chanson d'Anne Sylvestre : la femme du vent
RépondreSupprimer:-)
Maman le vent partout me suit
Le vent me presse et me bouscule
Il pousse mes volets la nuit
Pardi tu seras ridicule
De quoi ma fille a-t-on bien l'air
En accouchant d'un courant d'air
Hé, hé, c'est bien, si mes billets enclenchent de jolies remembrances de chansons souriantes.
RépondreSupprimerA vrai dire moi, ce vent m'avait plutôt évoqué les Djinns du père Victor!