Il fait merveilleusement
beau. Le ciel est toujours parfaitement dégagé, il n’y a pas de brume, la
lumière est belle. Pas de vent violent non plus, l’Autan, si pénible, n’a pas
soufflé une seule fois depuis notre arrivée ici. De jour en jour la chaleur
monte. 33 l’après-midi puis 35 puis 37 annoncé pour aujourd'hui.
Pour autant ce n’est pas la
canicule. Il y a presque toujours une brise légère qui rafraichit un peu. Les
nuits restent fraîches et, le matin, prendre le petit déjeuner sur la terrasse
avant le soleil puis avec son apparition au travers des branches du cèdre, est
délicieux.
La maison reste fraîche
derrière ses murs épais. Nous prenons les précautions qu’il faut en fermant
presque complètement volets et fenêtres dès que monte le soleil. Autant la
chaleur subie, le soleil trop fort sur une plage ou lors d’une randonnée
lorsqu’on marche au soleil m’est insupportable, (j’ai, le plus souvent, cherché
à éviter dans mes voyages les destinations trop chaudes), autant je jouis de
celle-ci, dont on peut se protéger.
Le midi nous mangeons sur la
terrasse du jardin, à l’ombre bien sûr, mais la chaleur commence à peser.
Souvent nous allons ensuite prendre notre café, sur l’autre face de notre
maison, à la terrasse du bar qui jouxte notre porte. Nous sirotons
tranquillement en observant la vie qui redémarre laborieusement sur la place
après la coupure méridienne et dans la chaleur de l’après-midi qui s’avance.
Plaisir après de remonter dans les chambres fraîches, lire, écrire, s’assoupir,
profiter de cette lumière si douce et si reposante qui se diffuse par les
interstices des volets presque complètement fermés, une lumière ténue mais qui
suffit cependant pour lire sans allumer l’électricité, une lumière qui, comme
le bourdonnement qui monte de la tonnelle où s’activent les abeilles, fait
intensément deviner la chaleur du dehors et accroît de ce fait la jouissance
que l’on a de la ressentir sans la subir. Ce n’est qu’en fin d’après-midi que
nous sortons pour un tour de vélo, une promenade à pied ou une baignade dans la
belle lumière du soir.
Il se trouve que mon
actuelle lecture de sieste est « Le pôle intérieur ». C’est un récit
de vie tout à fait intéressant de Jean-Louis Etienne qui me mène de son enfance
dans le sud du Tarn, tout près d’ici, à ses diverses aventures de navigateur,
d’alpiniste, d’explorateur et de défenseur de la planète. Le livre va au-delà
des simples anecdotes vendeuses ou des généralités de la bonne conscience
écologiste. Il livre avec finesse et sincérité les réflexions de son auteur sur
ses motivations de chercheur d’exploits, sur ses contradictions, sur ce que ses
expériences souvent extrêmes ont pu changer en lui, comment elles l’ont aidé à
trouver le chemin de son propre « pôle intérieur ». La mythologie de
l’exploit y est tempérée par une humilité qui ne semble pas de façade. L’amusant
est que je suis en plein dans le récit de ses expériences polaires : le
blizzard et les froids à moins 50 sont un plaisant contrepoint à la montée du
thermomètre autour de moi.
Rédigeant ceci je pense à
l’ami Nuages et à sa détestation de la chaleur et de l’été (décidément les amis
blogueurs ne cessent de s’inviter dans mon écriture !), j’aime à lui
offrir cette sorte de « bon usage » de la chaleur, en tout cas, tel
que je la vis en ce moment ici.
***
En vérité ce billet
météorologique, écrit tout à l’heure à la sieste n’est plus valable ce soir au
moment où je le publie. Le temps a changé. La lumière est devenue plate, le
ciel est devenu blanc avant de se charger de nuages. Lorsque nous sommes montés
nous baigner vers six heures nous avons cru à l’arrivée imminente de l’orage. Mais
il y a eu un grand coup de vent d’Autan, le lac était comme une petite mer, en
nageant on se prenait des vaguelettes pointues et déferlantes au coin du nez. Puis
le vent est tombé aussi soudainement qu’il s’était déclenché. Il y avait à
nouveau un grand coin de ciel bleu au-dessus de nous et une belle lumière. Caprice
des météores ! L’orage n’est pas venu mais l’ambiance dehors n’est plus
celle des soirées précédentes, la fraîcheur nocturne tarde à venir, l’ambiance est
chaude d’une autre façon, bien plus lourde, bien plus menaçante. Oui le temps a
changé…
Je conserve un souvenir traumatisant d'un séjour professionnel d'un mois effectué dans le Sud-Ouest en plein été.
RépondreSupprimerDepuis, je n'ai plus du tout envie d'aller dans la région, sauf peut-être en hiver.
Carmilla
Et moi, je lis avec délectation ton billet si bien écrit . Et je remémore un week-enk passe au bord de ce lac, dans un moulin, les promenades autour de lac et les baignades dans l'eau fraiche. Nous étions une trentaine, entourant ma soeur pour fêter ses 40ans. Je garde un souvenir ému de ces moments, ou elle était encore en pleine santé. Depuis elle marche a peine, et son meilleur ami est décédé. Il faudrait avoir pleine conscience de tous les moments privilégiés que l'on vit au moment ou on les vit, pour les savourer deux fois plus encore...
RépondreSupprimerCassy