Je ne voudrais pas encore une
fois faire ma litanie sur le temps qui passe si vite, sur toutes ces choses que
je voudrais évoquer dans mon blog et que je ne fais pas et pourtant…
Paris depuis plus d’une
semaine déjà ! Paris tourbillon comme toujours, amis, familles, choses
diverses à régler tant à l’égard des anciens, la mère de D., mon père, qu’avec
nos deux fils auxquels nous cherchons à donner des coups de main pour leur
installation dans une phase nouvelle de leur vie. Les allées et retours en
métro, ces odeurs et cette promiscuité qui maintenant me pèsent comme ces pauvres
gens qui font la manche, pas un trajet sans un voire deux quémandeurs, auxquels
je donne la pièce ou pas, selon l’impulsion du moment mais dont la présence, de
toute façon, me met mal à l’aise. Activités pour l’APA, mardi toute la journée
un stage pour apprendre à quelques uns de nos adhérents à utiliser Publisher
afin d’élargir le cercle de ceux qui peuvent contribuer à la réalisation de nos
productions, et surtout, samedi dernier, cette journée de présentation du
diariste Henri-Jacques Dupuy qui m’avait donné beaucoup de travail de
préparation. Mais franchement je crois que ça a été réussi. Nous étions dans
une petite salle où nous allions pour la première fois, qui sert pour des
ateliers théâtre ou d’écriture, une salle chaleureuse avec des livres, des
tentures, une estrade, une salle bien pleine, un peu bondée même (pour un même
effectif c’est toujours mieux de se sentir serrés dans une petite salle que de
se retrouver dispersés dans un vaste amphi), un public attentif et même plutôt réactif.
J’ai eu l’impression que tant les présentations de ma « collègue »
que les lectures d’extraits de textes que j’ai faites moi passaient bien. C’est
un peu banal à dire mais j’avais vraiment l’impression qu’en lisant j’incarnais
l’auteur au sens propre, que je le faisais un petit peu revivre, j’avais
l’impression que Sylvette, sa fille qui a collationné le journal et l’a déposé
à l’APA, le ressentais aussi ainsi et ça m’a fait un grand plaisir, comme d’entendre
le fils de Sylvette dire que de m’avoir écouté, lui avait pour la première fois
donné envie d’aller lire ce journal de son grand père. Je sais que je lis assez
bien. J’ai toujours un grand plaisir à cette activité, il y a vraiment une
jouissance à faire passer les mots imprimés, comme assoupis, endormis dans leur
gangue de papier, à la vie que leur confère la voix et le souffle. Et j’ai
plaisir aussi bien sûr au retour positif que les auditeurs me font. (découverte
assez récente de ce plaisir, pas plus d’une dizaine années, c’était en prenant
conscience en atelier d’écriture qu’après le plaisir d’avoir écrit il y avait
l’encore plus grand plaisir de faire entendre au groupe ce qu’on avait écrit,
souvenir de premiers ateliers d’écriture à l’APA puis ensuite d’un certain à
l’abbaye d’Hurtebise au cours de week-end d’écriture animés par Coumarine). Bref
plaisir toujours à faire des lectures mais là, il y avait peut-être un petit
quelque chose en plus, le sentiment de contribuer à une transmission.
Avec tout ça je n’ai pas eu
tellement de temps pour profiter de Paris. Un seul film jusqu’à présent (Inside Llewin Davis des frères Coen,
pas mauvais mais sans plus, les Coen font du Coen) et une seule expo mais
quelle expo ! Genesis du photographe Sébastiao Salgado à la Maison Européenne de la Photographie. Une merveille. Dès photos ramenées de huit années de voyage dans
diverses contrées encore à l’écart de la civilisation moderne qui évoquent la
terre originelle, montrent sa fragilité et sa stupéfiante beauté. Il y a des
paysages absolument superbes mais pas seulement, il y aussi la faune, la flore
et des hommes, ces derniers peuples qui occupent ces lieux. Salgado, plus que
quiconque sait tirer des effets merveilleux de l’usage exclusif du noir et
blanc. Magnifique lumière sous des ciels souvent tourmentés, ampleur et
profondeur des paysages avec une intense présence des figures mises en avant,
netteté des détails et des portraits sur les fonds plus évanescents.
L’exposition est très importante, plus de deux cent cinquante photos, occupant
les trois étages de la MEP. Les tirages, évidemment de magnifique qualité, sont
en grand format. L’ensemble est très fort par ce qu’il dit et montre de notre
terre mais beaucoup de ces photographies vous scotchent aussi par leur
puissance esthétique individuelle. J’ai feuilleté les livres en sortant, me
disant même que ce pourrait être une bonne idée cadeau pour mon père pour Noël.
Mais évidemment la taille et la qualité des tirages n’ont rien à voir et l’on préfère
rester sur l’impression forte que l’on vient d’avoir. Tant mieux d’une certaine
façon. Cela justifie d’aller aux œuvres même, ça rappelle que c’est dans le
moment seul de la visite que l’on est véritablement en présence et que c’est de
cela qu’il faudra garder souvenir.
L’œuvre de Salgado est d’abord
esthétique mais elle aussi un témoignage, attirant notre attention sur la
nécessité de préserver la terre. Salgado joint d’ailleurs l’action à l’image.
Il a créé une fondation l’Instituto Terra qui a fait revivre la forêt sur le
site de la ferme familiale où il a vécu dans son enfance. Les images de la
régénérescence de l’endroit sont impressionnantes et plus qu’encourageantes. Tout
ça malheureusement pèse peu par rapport à la crise écologique généralisée que
nous vivons. La seule autre exposition à la MEP en même temps que Salgado
montre quelques images d’Alain Buu autour de la crise de l’eau en Inde, il y a
des images hallucinantes sur la pollution du Gange ou sur la ville de Mumbaï, ça
vous ramène à d’autres réalités qui hélas pèsent bien plus que les terres
préservées qu’évoquent les images paradisiaques de Salgado.
Bien sûr j’ai lu l’article
du Monde aussi sur le sponsoring douteux qu’apporte le groupe minier Vale aux
entreprises de Salgado. Typique greenwashing. Ça attriste un peu mais bon,
mieux vaut un peu de greenwashing que rien du tout et surtout ça ne remet en
cause ni la portée du travail de Salgado ni, surtout, la somptuosité de ses
images et le bonheur que l’on prend à les voir.
Cet après-midi Heimat sans
doute, je vais essayer de voir les deux épisodes à la suite, demain encore un
petit repas familial, lundi retour vers notre paisible province…
j'aime bien tes choix de photos
RépondreSupprimerJe vais aller à Paris de mercredi midi à vendredi soir, et je compte bien voir l'exposition de Salgado. Je me souviens encore de l'expo "La main de l'homme", il y a 20 ans, du côté de Chaillot.
RépondreSupprimerSeras-tu encore à Paris ces jours-ci ?
Et non, je suis dans ma province. Bon séjour parisien.
RépondreSupprimerGenesis est en effet un exposition stupéfiante. Je n'imaginais pas qu'on puisse obtenir des photos en noir et blanc aussi gorgées de substance, en quelque sorte...
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