Nous voici depuis quelques
jours en Bretagne, dans ce lieu que j’affectionne, et qui, plus d’une fois,
alors que j’y arrivais avec le moral un peu malmené, m’a, par quelques stations
devant l’océan et le ciel, par quelques marches sur le sable et dans la
respiration des marées, rapidement apaisé et permis de me sentir « en
harmonie » avec moi-même et avec ce qui m’entoure.
Ça n’a pas l’air de marcher
comme ça cette fois ci. L’ambiance est peut-être trop franchement estivale, pas
vraiment bretonne. Depuis notre arrivée trois jours de très grand beau temps, de
ciel uniformément bleu, de chaleur, de plages envahies par les vacanciers et
les habitants de l’intérieur. Le premier matin, rituel des courses au
supermarché avec beaucoup de monde, l’après-midi nous partons en vélo, un peu
trop tôt sans doute, à l’heure de la grande foule. La petite route à l’arrière
des plages, dans ses parties qui sont accessibles aux voitures, est
affreusement encombrée, les parkings sont bondés, sur la plage nous sommes
abrutis de soleil et de foule, je me demande ce qu’on fiche dans ce maelstrom,
on n’a pas l’habitude de ça ici… On a repris depuis nos habitudes de plage
tardive, lorsque le gros de la foule est parti, lorsque le soleil s’est abaissé
et que la lumière est devenue tellement plus belle. N’empêche je n’ai encore
ressenti à aucun moment cette année, cette belle sensation qui me saisit
souvent ici, celle d’être là où je dois être.
Un autre facteur joue à
l’évidence. Je suis perturbé par un pénible mal de dos. En fait je le traîne
depuis quelque temps. J’ai fait je crois un faux mouvement en travaillant dans
le jardin de notre maison du midi. J’en ressentais de temps en temps des
petites gênes, pour me baisser, pour m’accroupir, pour porter une charge un peu
lourde. Mais depuis notre arrivée ici ça s’est fortement amplifié sans que je
sache pourquoi. Nouveau faux mouvement inaperçu en descendant le vélo ou en
déplaçant le lit ? Je suis maintenant gêné de façon permanente dès que je
dois changer de position, m’asseoir, m’allonger, me tourner. Cela tire quand je
marche un peu longuement ou dès que je monte sur le vélo. Ça me casse sérieusement
le moral et j’ai l’impression que c’est toute mon énergie qui en prend un coup,
pas seulement celle qui me fait courir les chemins. J’ai l’impression d’avoir
pris dix ans d’un seul coup de ralentisseur de mobilité ! Je me traîne
entre l’appartement et la plage (les bains de mer par contre me font du bien,
je me sens léger et mobile porté par l’eau). Je bouquine. Je glandouille. J’ai
des articles à écrire mais ne parviens pas à m’y mettre.
Je me dis que ça devrait
passer. Mais ça ne passe pas. Je vais peut-être devoir consulter, quoique j’aie
horreur de consulter et que de surcroît je pense qu’il n’y a pas grand chose à
faire pour ce genre de choses sinon attendre que ça se remette.
Pas de connexion internet à
portée de la main ici. Je suis très archaïque : je n’ai pas de smartphone
ni de clés 3G. Mais cette absence est aussi ce qui fait de cet endroit un lieu
de ressourcement. Cela fait du bien de se couper totalement pendant un certain
temps, de mettre à distance tout ce qui vient crépiter sur nos ordinateurs, sur
nos boîtes mails ou sur les sites que l’on suit ou auxquels on contribue. Cela
me manque et ne me manque pas. Pour l’instant en tout cas je n’ai pas très
envie d’aller à la recherche d’un lieu où la connexion soit possible. J’ai
écrit mon billet ce matin dimanche, la publication attendra…
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