Étonnant ce temps, ce
basculement aussi rapide, spectaculaire, du froid et de la grisaille à un
soleil presque trop chaud.
Ce plaisir d’abord, ce grand
plaisir de se dépouiller des pulls et des vestes et de marcher en chemise, le
corps au plus près de l’air. Mais le changement est presque trop brutal,
d’emblée il fait lourd, pesant, la lumière est trop blanche, sans contraste,
sans profondeur.
C’est la semaine cannoise et
comme chaque année le fait qu’on parle beaucoup de cinéma attise mes envies de
salles obscures mais j’ai préféré tout de même la promenade, l’extérieur, le
corps qui jouit de l’air et j’ai fait une longue promenade des Champs Elysées
au Palais Royal.
Je me suis arrêté au Grand
Palais pour voir l’exposition Helmut Newton. Comme je m’y attendais je n’ai pas
été spécialement séduit. Ces images froides, glamour, trop composées ne
m’émeuvent guère même si parfois les scénarios suggérés peuvent titiller. Un
certain humour aussi parfois fait sourire comme dans le dyptique Sie kommen, les
mêmes femmes à l’allure conquérante, exactement dans le même mouvement et les
mêmes attitudes mais habillées chic ici, entièrement nues là. C’est dans la
section des portraits que j’ai trouvé les images les plus intéressantes. Il ne
s’agit plus ici seulement d’icônes mais de présences vraiment humaines. Le
portrait de Jude dans sa cuisine me parait sensuellement bien plus émouvant que
les grands nus glacés.
J’ai traversé les Tuileries
sous les ombrages pour profiter de la fraîcheur et de la lumière plus douce. Je
me suis arrêté auprès de l’arbre de Pennone, j’aime cette œuvre et l’illusion
qu’elle crée (la première fois que je l’avais vue, je m’y étais laissé prendre,
j’avais cru à un véritable tronc déraciné par une tempête). L’illusion de nature
est d’autant plus forte que désormais a été pris le parti de ne pas trop
jardiner autour et de laisser venir ce qui pousse spontanément. Je suis resté
là un moment, observant les passants, les touristes, les amoureux, un groupe
d’élèves d’une école d’art venu là pour faire des croquis et le ballet des
oiseaux allant et venant, se posant et paradant sur le « tronc ».
J’ai sorti mon carnet et noté quelques phrases sur ces impressions du moment,
reprises ici. C’est un petit plaisir dont je retrouve la motivation du fait d’avoir
repris un blog. Raconter le moment est une autre façon de le vivre, un moyen
pour en exhausser la saveur.
Le sage jardin des Tuileries? Un arbre de bronze? Mais oui! |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire