J’ai fait, ces derniers
temps, quelques incursions sur les réseaux sociaux. Je m’étais essayé à
Facebook sans conviction il y a deux ans, notamment pour suivre mes garçons lorsqu’ils
étaient à l’étranger et qu’on les voyait peu, mais j’avais vite interrompu
l’expérience et d’ailleurs eux-mêmes se sont assez vite « défacebooquisés ».
Cette fois j’ai mis le nez à
la fois dans Facebook et dans Twitter. Je vais persister encore un peu pour
voir si je m’y fais mais pour l’instant je suis plus que réservé.
A vrai dire j’ai créé un
compte Twitter et réactivé mon ancien compte Facebook surtout parce que nous
pensions que l’APA avait besoin de se mettre « à la page » et d’assurer
une certaine présence sur les réseaux. Je voulais donc, avant de créer les
comptes de l’association, essayer de comprendre un peu mieux comment ça marche
et quelle pratique il faut avoir pour optimiser une présence. Les comptes APA
ont été créés, quelques apaïstes volontaires se chargent de les alimenter de temps
en temps mais tout ça démarre très, très lentement. Pour l’instant la
complémentarité de cette présence sur les réseaux avec ce que nous mettons
classiquement en ligne sur notre site ou nos blogs ne me parait pas évidente. L’intérêt
bien sûr ce serait une diffusion plus large et dont on rêve toujours qu’elle
puisse devenir virale mais pour ça il faudrait que nous soyons relayés, que nos
amis qui réseautent prennent le temps de partager dans leurs propres réseaux
plus vastes que les nôtres ce que nous publions mais on n’en est pas là.
Quant à un usage personnel
pour moi-même je reste encore plus dubitatif. Comment faire face à l’intensité
des flux ? Tout se mêle, petites nouvelles, réactions à chaud, liens
ouvrant des portes vers trente-six mille sujets.
Chéreau est mort et la mort
encore jeune d’un artiste de son envergure attriste évidemment beaucoup d’entre
nous et moi comme les autres, mais quel intérêt d’aller le dire si c’est juste
pour le dire ? Autre chose, bien sûr, si c’est pour évoquer Chéreau au
travers d’un ressenti plus intime, d’un souvenir plus personnel. Mais juste
dire qu’on est triste, quel intérêt ? Faire acte de présence ?
Montrer qu’on est réactif ? Eventuellement trouver une formule qui fera
mouche plus que celle de son voisin ? Bref il n’y a pas forcément que des
bonnes raisons. !
Quant aux liens que
m’offrent mes « amis » ou les gens que je suis sur Twitter, l’explicitation
du lien proposé est insuffisante (surtout sur Twitter avec ses 140 caractères)
pour que je me rende compte si la page qui est derrière le lien m’intéressera
vraiment. La syntaxe hachée de Twitter, accumulant liens, hashtags,
conversations me déconcerte. Donc je fais défiler à toute vitesse. J’ouvre une
porte de-ci de-là, je lis très vite, en diagonale. Je trouve ça fatigant et
terriblement dispersant. Bien sûr, de temps en temps, il m’arrive d’accrocher
un article ou de repérer un site dont je me dis « ah, ça, ce serait à
approfondir » mais en vérité je ne le fais pas. J’ai tout de même noté
lors de mon dernier passage une présentation commentée par le labo de la Bnf de l’exposition sur la littérature numérique avec une séance pendant que je serai
à Paris où je vais tâcher d’aller. Je le reconnais cette info ne serait sans
doute pas venue à moi si je ne l’avais pas vue sur Twitter.
Ce qui est en cause plus
fondamentalement, c’est qu’il y a tant de choses intéressantes et que l’on ne
peut en vérité s’intéresser à tout. Au fond ça crée chez moi un peu le même
type de frustration que lorsque j’allais au Salon du Livre, juste en promeneur,
sans l’idée précise d’aller y voir tel éditeur particulier ou d’assister à
telle conférence précise : l’abondance me donnait le tournis et créait la
frustration.
En plus il se trouve que
certains réseauteurs sont vraiment envahissants. Certains devraient s’astreindre
à publier moins. L’amie Gilda par exemple, vieille relation de blogosphère, est
une véritable mitraillette et je crois que je vais l’écarter en tant
qu’« amie » facebookienne. Mais il y a ce côté affectif de Facebook
qui fait que barrer quelqu’un est forcément perçu comme le rejeter, alors que
je considère toujours Gilda comme quelqu'un qui a souvent des choses
intéressantes à dire, qui est par ailleurs tout à fait sympathique, mais
franchement je préfère continuer à la lire sur son blog dont les mises à jour
viennent gentiment s’afficher dans mon agrégateur.
J’ai déjà ce sentiment de
surabondance alors même que j’ai très peu d’amis sur Facebook et que j’ai
choisi de suivre très peu de gens sur Twitter. Mais comment font donc pour
gérer tout ça ceux qui ont des réseaux de grande ampleur ? J’imagine que
cela passe par un temps de connexion intensif, notamment par le biais des
tablettes et téléphone et par une réactivité à tout crin, par une capacité à
être multi-tâches que je n’ai pas et dont au demeurant je n’ai pas envie. Pour
moi la connexion est un plaisir dès lors qu’elle est strictement bornée dans le
temps, qu’elle ne m’empêche pas trop souvent d’être dans la réelle présence de
l’instant que je vis ou dans le silence avec moi-même. Mais peut-être que de ce
point de vue je suis vraiment du siècle passé et que d’autres ont développé des
capacités et des formes de présence au monde quasi ubiquistes que je n’ai pas.
Évidemment, outre la
réception de l’information des autres, il y a la promotion que permettent les
réseaux de ce que l’on fait soi, transmission de nos découvertes et coups de
cœur ou mises en avant de textes que l’on a écrit. Bien sûr ça m’a fait plaisir
de savoir que certaines personnes sont venues sur ce blog suite à l’annonce que
j’avais faite sur les réseaux de la parution d’un article et d’autant plus qu’elles
m’ont renvoyé une appréciation positive de mon blog. Mais ai-je tant que ça
envie d’être lu au-delà de mon petit cercle de fidèles, blogueurs ou anciens blogueurs
(lequel a dû d’ailleurs sérieusement s’étioler depuis que ma pratique est bien
moins active de même que la leur). En vérité j’aimerai être lu largement sur
certains billets, beaucoup moins sur d’autres. Vieux paradoxe du blogueur, envie
de s’exprimer au plus près de soi même, envie d’être lu et en même temps
réserve à l’être par des publics de cercles trop diversifiés, spécialement
lorsqu’on se sent des envies de s’aventurer vers des réflexions plus intimes.
Une mise en avant du blog à travers les réseaux sociaux réactive forcément ce
genre de paradoxe et d’autant plus si l’on cherche à élargir ce réseau social.
Pour l’instant il est clair
que je n’ai pas encore trouvé le bon usage des réseaux, enfin mon bon usage, et
donc j’oscille, un jour j’y vais faire un tour et un jour je n’en ai pas la
moindre envie. Allez, je m’en va de ce pas poster mon article et l’annoncer
dans la foulée sur Facebook et Twitter, histoire de bien agiter le
paradoxe !
C'est tout simplement que j'utilise FB pour faire ma revue de presse (après si les articles intéressent certains de mes amis, tant mieux). En vrai je n'y suis que sous forme d'onglet ouvert pour les balancer et parfois seulement pour communiquer. Ça n'a rien à voir avec le fait de publier, je n'imaginais même pas que des gens suivent autrement qu'en allant voir ce qui s'affiche quand ils ont du temps à perdre.
RépondreSupprimerOui, moi j'aime bien les articles dont Gilda nous propose la lecture, c'est effectivement une sorte de revue de presse: certains articles je ne les aurais jamais lus si elle ne les avait pas épinglés!
RépondreSupprimerPour le reste je ne publie rien sur FB...mais apprends plein de choses (par ex via des gens comme Gilda
Tu as pu te rendre compte de l'"utilité" de publier sur FB... des gens sont venus lire ton blog...;-))
Revue de presse et plus que de presse, Gilda, et je comprends tout à fait l'intérêt que ça peut avoir car c'est sûr que tu pointes des tas de choses intéressantes, mais en même temps j'ai l'impression que trop d'information tue l'information. Pour moi en tout cas, qui ne me connecte pas fréquemment (pas de tablette, ni de portable connecté). Rien que de faire défiler ce qu'il y a de neuf depuis me dernière connexion, c'est long et surtout si je regarde sur Twitter aussi (avec beaucoup d'infos qui seront communes), donc je n'arrive pas à suivre et c'est bien ça le vrai sujet de ce billet: comment trouver MON bon usage des réseaux, celui qui me convienne à moi.
RépondreSupprimerCoucou Coum, content de te voir passer par ici.
Tiens, et puis je continue tant que j'y suis...
RépondreSupprimerJ'ai vu qu'il avait quelques commentaires sur FB et Twitter suite à ma publication. Auxquels j'ai moi-même répondu. Un peu ici, un peu là, un peu sur le blog, bref ça va dans le sens de cette dispersion qui me gêne. Je préférerai que la discussion se concentre sur un seul lieu.
Parfois je me dis que je devrais y regarder d'un peu plus près, histoire de voir si je ne manque pas quelque chose dans l'évolution des moyens de communication. Mais non, vraiment, ça ne me tente pas. Et là, ce que tu en dis ne m'incite guère à approcher ces fameux réseaux...
RépondreSupprimerMême si c'est encore de ma génération, je me tiens le plus possible à l'écart des réseaux sociaux.
RépondreSupprimerC'est bien la modernité caricaturale : l'injonction de réactivité dans l'immédiateté, l'émotion et la dispersion. Avec comme appât, l'illusion narcissique.
Carmilla
Je me suis inscrit sur Facebook, pas très longtemps (quelques mois), j'ai eu un certain nombre d'"amis" (que je connaissais en général dans la vraie vie), mais à quoi bon ? Rien d'intéressant n'en est sorti (en tout cas pour moi). En outre, je trouve que l'"esthétique" même de Facebook, la présence de publicités envahissantes, etc... étaient rebutantes. Je me suis donc déconnecté, et même désinscrit, ce qui n'était pas évident (je ne me souviens plus comment j'ai fait, d'ailleurs).
RépondreSupprimerEt je n'ai aucun regret.
Quant à Twitter, je ne l'ai jamais pratiqué, mais ce que j'en ai vu (esthétique hachée, comme tu dis), brièveté extrême, immédiateté, me semble tout à fait rebutant.
Donc.... Je garde mon blog photographique, espace personnel dans lequel je me reconnais.
Une image me vient en te lisant, celle de la greffe. De l''alchimie qui s'opère entre un corps étranger et son propre corps. Entre rejet et assimilation.
RépondreSupprimerVertigineux corps à corps.
Comme s'il s'agiisait d'un membre, d'un prolongement de nous même...
Et avec ce nouveau corps, de se "refrabriquer", reconstruire, une identité.
Un lavage de cerveau ça s'appelle.
Heureuse de voir que le tien focntionne toujours aussi bien :)
Dis, je signe anonyme, puisque j'ai pas droit à mon simple prénom, qu'ils zaillent se faire foutre avec leurs comptes machins attachés.
Ségo.
A ce que je vois la plupart de mes vieux amis de blogosphère partagent mes réticences.
RépondreSupprimerCorps à corps: tu ne crois pas si bien dire, Ségo, il y a, au-delà même des réseaux, des perspectives assez hallucinantes avec les "wearable technologies" voire les puces et adjonctions numériques implantées directement dans le corps !
Content que tu sois passée par là, chère Ségo, et de voir que tu navigues encore dans nos vieilles eaux blogosphériques...
Bonjour Bernard,
RépondreSupprimerSi j'avais su certaines choses par avance, je ne me serais jamais inscrite sur un réseau social... surtout Facebook. Maintenant j'ai des "amis" dont certains tiennent à moi, lisent mon blog et mes posts. Au départ, Facebook a provoqué en moi un malaise, et je l'ai toujours ce malaise. Je me suis demandée: "Si je meurs, mon compte existera-t-il encore?" Il faut savoir qu'avec la plupart des réseaux sociaux, le compte ne peut pas être supprimé, mais simplement être désactivé (ce qui n'est pas la même chose). J'ai un "ami" sur Facebook qui est décédé, je l'ai su par un de ses "amis"... Et quand je vais sur le mur de cet "ami" pour vérifier, il n'y a que condoléances sur condoléances. Le compte n'a pas été désactivé, alors le mur de cet "ami" continue de fonctionner. Comment la famille et l'entourage peuvent-il faire le deuil ?... puisque cet "ami" vit toujours dans une autre réalité: le virtuel. ça me scandalise assez d'où le temps que j'ai pris pour écrire ici.
Merci Claire de ce témoignage. Oui ces réseaux sont aussi terriblement tenaces, c'est comme si, une fois qu'ils tenaient une proie, ils ne voulaient plus la lâcher. Il y a une part d'incontrôlable dans l'utilisation de ce qu'on dépose chez eux. C'est ce qui me les rend antipathiques, même si je reconnais leur utilité. Et c'est vrai que FB est sans doute le pire de ce point de vue. Je vois que tu es quant à toi une assez grande utilisatrice de Twitter, peut-être moins pénible de ce point de vue .
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