On progresse dans notre
réinstallation. Le plus gros est fait maintenant. Il ne reste que quelques
cartons pas encore ouverts dans la bibliothèque, des cadres à mettre au mur,
certains bibelots qui nous parlent, qu’on veut présents dans notre cadre de vie
et auxquels il faut trouver une place. Comme il faudra se préoccuper un jour de
rideaux, ne serait-ce que pour améliorer l’isolation thermique de la maison.
Mais tout cela n’urge pas, c’est une phase où il faut se laisser le temps de
sentir les choses, donc là on ralentit un peu nos activités d’emménagement, on
commence à prendre plus de temps pour autre chose.
On a invité ce soir nos
voisins à un apéro de bienvenue. Ce qui était aussi une façon de se donner une
date butoir pour avoir une maison présentable et entrer dans le concret d’une
présence sociale ici.
Le temps la semaine dernière
a été très clément. On a pu déjeuner à plusieurs reprises dans le jardin.
Quelle merveille ! Sous un soleil doux d’automne. Avec des chants
d’oiseaux certains jours très présents, d’autres moins, je me demande à quoi ça
tient, en tout cas avec certaines variétés de chants que l’on ne connaissait
pas, certains oiseaux que l’on n’entend pas l’été. Quelques promenades aussi, à
pied ou en vélo, dans les milieux d’après-midi, pour profiter des heures les
plus douces et sortir la tête des cartons.
Hier nous avons eu le
ramoneur, la cheminée est maintenant tout à fait opérationnelle dans notre
grande cuisine du rez-de-chaussée, qui est la pièce où nous dînons, c’est si
agréable de le faire devant un vrai feu de bois vivant, cela nous parait
incongru à nous, vieux parisiens, cela nous parait, pour l’instant du moins, un
peu magique, comme si nous étions dans une carte postale.
Je prends du plaisir au
rangement des livres. Je ne suis plus dans ce moment désagréable où je menais
de laborieuses négociations intérieures pour savoir ce que je gardais et ce que
j’éliminais. Je me rends compte que, dans l’espace prévu, tout ce que j’ai
apporté de Paris va rentrer à l’aise. Je fusionne les livres déjà présents ici
avec ce nouvel apport. Je fais les regroupements thématiques à mon idée, je
classe approximativement, selon un critère alphabétique d’auteurs pour la
littérature et plutôt selon des critères chronologiques pour les livres
d’histoire et par sous thématiques pour les essais, la psycho, la socio, j’ai
quelques sections spécifiques aussi, correspondant à des intérêts particuliers
à certains moments de ma vie, ce qui reste de mon temps militant par exemple,
ou bien la section autour de la gastronomie et de l’histoire de l’alimentation,
enfin, en lien avec mes préoccupations plus actuelles, ma bibliothèques autour
de l’autobiographie et tous les documents de l’APA. Je peux organiser tout ça correctement,
avec une certaine souplesse d’espace, en laissant des respirations sur
certaines étagères. Du coup j’ai l’impression que ma bibliothèque, qui me
semblait morte à Paris, complètement étouffante, écrasante, redevient vivante.
D’ailleurs je lis beaucoup en ce moment, plus exactement je parcours beaucoup
de livres, je remets le nez dans des choses que je redécouvre et puis aussi je
découvre purement et simplement des choses qui étaient ici et que je n’avais
jamais lues.
Un autre bonheur du lieu est
qu’ici D. et moi avons vraiment chacun notre espace propre, indépendamment de
notre chambre commune et situés à deux extrémités opposées de la maison. C’est
la fameuse « chambre à soi » dont à plusieurs reprises par le passé,
j’avais dit combien elle me manquait. D. peut avoir tout le foutoir qu’elle veut
dans sa pièce, alors qu’il m’agaçait dans notre bureau commun à Paris qui était
aussi notre chambre, elle peut faire ce qu’elle a à faire en écoutant la radio,
téléphoner ou converser sur Skype sans me déranger. Moi, je peux naviguer sur internet,
je peux lire, écrire, rester immobile ou m’agiter, hors sa présence qui parfois
me déconcentre et qui, même sans être en rien inquisitrice, parfois me gêne et
me bloque. En cas d’insomnie ou de réveil très matinal, je peux venir ici et ne
pas risquer de déranger en allumant la lumière et en m’agitant. Je peux me mettre
à mon bureau ou m’affaler sur le canapé, selon l’envie et la vivacité de mon
réveil.
Bref, pour l’instant, tout
baigne, on se sent décidément très bien ici et on ne voit pas ce qui pourrait
nous faire regretter notre décision.
la "chambre à soi" est un endroit un peu magique que j'espère avoir moi aussi un jour pour la plupart des raisons que tu donnes
RépondreSupprimeroh Bernard... ça fait du bien de te lire...
RépondreSupprimerUn lieu porteur, de calme
vivre ensemble et pourtant avoir chacun SON espace...
Merci de nous partager cela, comme toujours dans une si belle écriture...
Ravie de voir comme tu apprécies ces changements... Bise :-)
RépondreSupprimerOui Wictoria et Coumarine, ces "chambres à soi" me paraissent un grand gage de sérénité et d'harmonie pour la suite, j'espère qu'il en sera bien ainsi.
RépondreSupprimerEt oui Koryganne et c'est vrai qu'en plus nous voici désormais, sinon voisins, du moins pas très éloignés.