Ah, que je suis à distance
de la blogosphère ! De la semaine je n’y ai pas mis le nez, je n’ai pas
été lire le moins du monde les blogs amis, je n’ai pas même été ouvrir le mien
pour voir s’il avait reçu des commentaires, s’il avait vécu d’une façon ou
d’une autre…
Je viens y faire un tour
aujourd'hui, sans vraie conviction, juste peut-être pour ne pas perdre tout à
fait la main.
D’autant que j’avais un peu
de matériau depuis la semaine passée, quelques notes prises au débotté lors
d’un agréable week-end prolongé à Bruxelles et que je voudrai conserver pour
mémoire.
Lorsque nous avons fait
notre randonnée en Afrique cet hiver nous avions sympathisé avec une voyageuse
belge. Nous avons eu depuis l’occasion de la voir à plusieurs reprises en
France et elle tenait cette fois à nous accueillir à son tour à Bruxelles.
Vendredi 14 : pour moi
connaître une ville c’est d’abord y marcher. Nous rejoignons donc à pied depuis
la Gare du midi, la chambre que C. a réservé pour nous dans le quartier
africain de Matongé, clin d’œil à notre voyage. Puis expédition Musées,
Magritte d’abord puis le Musée d’Art ancien, avec les superbes primitifs
flamands. Magritte gagne à être vu. J’avais de lui l’image d’un peintre
foncièrement froid, dans ses thématiques à l’inspiration surréaliste souvent
répétitive, dans son dessin léché, dans ses couleurs. Mais l’œuvre vue en réel
montre plus de force, de diversité et de subtilité. On se laisse happer par les
images gigognes et notre imaginaire s’envole parfois à leur suite. Et puis quelles
qualités de coloriste aussi, les transitions colorées sont superbes, la lumière
peut être vibrante. Je suis resté par exemple un bon moment devant ce magnifique
« Empire des lumières » justement:
Ensuite nous avons rejoint
notre amie, avons retrouvé d’autres participants à notre voyage africain, avons
passé une excellente soirée chez elle autour d’un lapin à la bière.
Samedi 15 : le matin
promenade à proximité de notre chambre dans Ixelles, variété du style des
bâtisses, ruelles presque provinciales, étroites maisons belges
traditionnelles, autour des étangs villas opulentes, marquées souvent par leurs
arrondis arts nouveaux.
"le petit pan de mur bleu", ruelle à Ixelles
Nous rejoignons ensuite le
vieux centre, Grand-Place, rue médiévales autour, galeries Saint-Hubert, inévitable
mais fort agréable arrêt bières/tartines à La Mort Subite. L’après-midi, C.
nous avait réservé un circuit du « bus bavard », gratuit pour cause
de Journées du patrimoine, sur la thématique de l’art de construire selon les
époques et les technologies disponibles. Le guide était passionnant et c'était l'occasion de sortir
des circuits touristiques traditionnels et d’avoir une vue plus globale de la
ville. La cathédrale Sainte Gudule et les constructions médiévales pour
commencer, la Bruxelles du 19°, le quartier européen, les bâtiments du cinquantenaire,
le mini WTC (world-trade-center), l’ancien port et les entrepôts Tour et Taxis,
de leur vocation d’origine à leur réaffectation actuelle. Après un petit moment
de repos chez C., nous sommes allé dîner d’un repas de poisson sur le Quai aux
Briques.
Dans les anciens entrepôts, Tour et Taxi
Dimanche 16 : après avoir
porté nos sacs à la gare, nous entrons dans le quartier des Marolles, furetons
un peu au marché aux puces, grimpons sur l’esplanade du Palais de Justice puis
redescendons vers l’église de la Chapelle puis les Sablons avant de tracer en
direction de la magnifique maison Art Nouveau de Victor Horta, construite pour
lui-même et devenue un musée. Ce dimanche est journée sans voiture dans toute
la ville. Quel plaisir de déambuler paisiblement au milieu des rues par ce beau
temps doux, parmi les cyclistes et les autres piétons, dans un climat plaisant
de décontraction. A quand la même chose à Paris, Bruxelles ose bien faire ce
genre de journée dans toute la superficie intérieure de son ring, alors
qu’attend-on à Paris ? Après plus de deux mandatures écolo-socialiste, il
serait tout de même temps de se lancer dans ce genre d’expérience. Nous avons
ensuite regagné la gare par le quartier Saint-Gilles et repris le chemin de
Paris.
Bien sûr allant à Bruxelles,
je me suis dit que je pourrai en profiter pour essayer de voir mes amis belges
de la blogosphère, Coumarine, Pivoine, Nuages. Je n’ai rien tenté finalement,
le programme que C. nous avait concocté était trop serré, mais Bruxelles
méritera bien que je revienne et cette fois il faudra que je m’organise pour
cela. J’y ai d’autant plus pensé que je suis passé à Ixelles, territoire, je le
sais par certaines de ses photos, de l’ami Nuages.
Et alors aussi peut-être
tenterais-je de recontacter mes cousins de là-bas, pas vus depuis trente ans.
Le hasard a voulu que le domicile de C. soit à quelques « blocs »
(comme on dirait en belge) de la rue où vivait mes grands tantes que nous
allions voir au moins une fois par an, quand j’étais enfant, au tournant des
années 50 et 60. J’ai fait le pèlerinage vers leurs deux maisons mitoyennes que
j’ai parfaitement reconnues, qui n’ont pas du tout changées. Je sais que plus
personne de la famille n’y habite depuis bien longtemps. Je me souviens, à
l’époque, le lait encore était livré ici chaque matin par des laitiers en
carrioles à cheval qui déposaient les bouteilles de verre sur le perron. Si
j’étais levé assez tôt, j’aimais être celui qui porterait la bouteille à ma
tante, occupée, un demi-étage plus bas, à lancer le feu dans la cuisinière à
charbon et à préparer le copieux petit déjeuner, avec la
« fricassée » bien baveuse et les grandes tartines de cramique, qui
nous accueillaient chaque matin.