Je n’écris pas souvent sur
la politique et la société sur ce blog.
Après m’y être pendant des
années très impliqué puis m’y être intéressé sans m’y impliquer (un regret sans
doute) pendant de bien plus nombreuses autres années, j’ai eu tendance, tout en
suivant toujours tout ça de près (la lecture du Monde me reste une addiction quotidienne
), à prendre une relative distance, à me laisser aller à la bof attitude, au « puisqu’on
ne peut pas grand-chose autant de ne pas se ronger les sangs » de tout ce
qu’on perçoit de négatif dans la société et dans l’apparemment inexorable
montée des périls écologiques.
Mais là quand même je me
sens atterré et j’ai envie de le dire. Cette nuit je me suis réveillé en
sursaut à quatre heures du matin et ma première pensée c’était pour ces résultats
électoraux, comme un cauchemar.
On savait bien qu’ils
seraient mauvais. Quelques signes avaient pu laisser espérer qu’ils le seraient
un peu moins (les résultats en retrait des populistes au Pays-Bas déjà connus
au moment du vote). De toute façon une UMP et un FN en tête au coude à coude
comme attendu ça aurait déjà été assez saumâtre, mais là, 5 points d’écart, c’est
carrément calamiteux. Et les pertes du PS ne se compensent pas au Centre, chez
les Verts ou au Front de Gauche. Et les signaux inquiétants sont aussi nombreux
dans le reste de l’Europe, même si la France à la palme.
On se sent collectivement
honteux d’en être arrivé là. On a mal à la France et à l’image qu’elle peut
donner à l’extérieur. On croise les gens dans notre quotidien, nos petits
commerçants bien sympathiques, les voisins que l’on croise sur la place et avec
lesquels on se salue, les gens avec lesquels on fait de la rando et on se dit
que parmi eux, forcément, il y en a un bon nombre qui ont dû voter FN à moins
qu’il n’ait pas voté du tout et ça rend triste.
Évidemment la responsabilité
des politiques est très grande. Sarko d’abord avec sa politique éhontée en
faveur des siens, ses magouilles, ses palinodies pour attirer à lui les électeurs
du Front, ne réussissant en fait qu’à lui ouvrir des boulevards. Et puis
Hollande ensuite. Quelle catastrophe que sa politique. Pas principalement parce
qu’il est social-démocrate, voire social-libéral. Mais parce qu’il ne tient pas
une ligne. Dès lors que sa conviction profonde était qu’il fallait mener une
politique clairement sociale-démocate pourquoi a-t-il tant louvoyé ? Rien
de pire que ces atermoiements constants, ces changements de pied continuels. Je
repense au début du quinquennat. Il y avait une chance historique. Il y avait
la main tendue de Bayrou. Il aurait fallu la prendre. Peut-être alors ne le
formulais-je pas comme ça, moi-même encore trop séduit par les promesses « de
gauche » du candidat. Mais malgré tout je me souviens d’avoir été choqué
que le PS et le Président, toujours fidèle aux logiques idéologiques et d’appareil,
n’aient pas été capables de faire la fleur nécessaire à Bayrou, en ne
présentant pas un candidat contre lui aux législatives, ce qui aurait pu être
le prélude à une certaine recomposition politique, à l’entrée de la France dans
une logique de compromis entre forces politiques (ce qui ne veut pas dire
compromissions), à l’introduction nécessaire d’une certaine dose de
proportionnelle.
J’ai regardé un peu la
soirée électorale sur France 2. A l’exception notoire de Bové j’ai été frappé
de la lecture essentiellement nationale du scrutin pendant le débat. Cette
incapacité générale des politiques et des médias en France à parler vraiment européen
contribue aussi à expliquer cette débâcle. Sur Arte plus tard dans la soirée, pilotage
franco-germanique oblige, on était dans une toute autre logique et c’était bien
plus intéressant.
Quoi qu’il en soit tout ça
sera bien difficile à remonter. Il faut seulement espérer que des voies en
seront trouvées après tant et tant d’années perdues.