Comme tous les ans à cette
période je fais mon petit bilan cinéma, pour moi-même surtout, notant pour mieux
m’en souvenir, ceux qui m’ont le plus marqués, qui laissent une trace quelques
mois après les avoir vus et puis aussi, pour donner l’envie à mes lecteurs de
découvrir certains films qui peut-être seront passés un peu inaperçus.
Beaucoup moins de films vus
au cinéma en 2013, conséquence bien sûr de mon installation dans ma petite
ville de province. 45 seulement au compteur, contre 61 en 2012. On peut en voir
la liste complète avec ma cotation sur ma page cinéma. Ces cotations évidemment
sont tout ce qu’il y a d’approximatif, il est tellement difficile de comparer
des objets aussi différents et puis l’ambiance personnelle du moment joue,
l’état de plus ou moins grande réceptivité dans lequel on est en entrant dans
la salle, les effets d’attente aussi liées aux critiques lues.
Je suis bon public et j’ai
vraiment pris plaisir à tout ce que l’on verra coté à partir et au dessus de
xx(-) soit 36 films sur 45. Pour ceux qui sont cotés entre x(-) et x(+) les
réserves ou la déception l’emportent.
Peu cependant m’ont
véritablement enthousiasmés cette année. La Trilogie Bill Douglas est
sans doute le film, enfin les films, qui m’ont les plus marqués et les seuls
auxquels j’ai donné un xxx. On pourra trouver l’article que j’ai donné à l’APA à
leur propos à partir de cette page. J’ai particulièrement apprécié aussi, dans
des genres très différents, Django Unchained et La Grande
Belleza, L’Attentat et Singué Sabor. Une mention spéciale
aussi à Rebelle un film sur les enfants soldats en Afrique, très dur,
mais très fort, pas besoin d’explications ou de commentaires, le film est vu à
travers du regard de son personnage principal, une jeune fille qui dialogue
avec les fantômes des défunts et parvient à survivre au milieu de ce maelstrom
de violence. C’est un film passé assez inaperçu. Contrepartie à être ici :
grâce au ciné-club j’ai vu certains films qu’à Paris j’aurais peut-être laissé
passer, parce qu’ils auraient été noyés dans la déferlante des sorties
hebdomadaires sous le flot de ceux dont on parle plus. Très fort aussi et très
dur également, Rêves d’or, sur l’odyssée de gamins du Guatemala cherchant à
rejoindre les USA mirifiques. Deux beaux films qui disent notre monde et ses
terribles fractures, mais qui le disent au travers d’images fortes et
magnifique, d’œuvres d’arts accomplies et non de discours convenus. Très
attachant aussi et cette fois infiniment plus optimiste, Wadja, sur une jeune
saoudienne qui veut, comme les garçons, pouvoir faire du vélo. Je me suis
régalé aussi à d’autres films plus légers, bien conduits et superbement interprétés
comme, par exemple, Blue Jasmine, un bon cru de Woody Allen (extraordinaire Kate
Blanchett) ou Tirez la langue, Mademoiselle, (superbe Louise Bourgoin), ou
encore Le temps de l’aventure (Emmanuelle Devos resplendissante dans
la lumière d’un bel amour passant) mais il y en a d’autres dans ces veines plutôt
plaisantes et qui font passer un très bon moment sans pour autant être dépourvus
de fond.
J’ai aussi attribué un xxx
au magnifique Gangs of New York de Scorsese que je ne connaissais pas mais
qui n’est pas de sortie récente et n’a donc pas sa place dans ce palmarès. Ça
aussi c’est un des bonheurs que m’a permis le ciné club local.
Quelques déceptions : La vie
d’Adèle par exemple. Déception certes toute relative : j’ai bien aimé
quand même et il y a certaines scènes d’une très grande force, notamment tout ce
qui tourne autour de la rencontre et de l’entrée dans l’état amoureux mais
c’est vraiment un peu long, comme souvent Kechiche, et il y a des lourdeurs,
dans les scènes de sexe par exemple ou dans la façon de mettre en avant le
contraste sociologique entre les amoureuses, famille « fruits de mer »
versus famille « spaghettis bolognaises », ça manque un peu de
subtilité (frappant de voir, par contraste, comment dans la BD cette
opposition, présente également, se laisse juste deviner avec délicatesse). Bref
ce n’est pas le chef d’œuvre absolu que l’on a dit. Plus fortement décevant Inside
Lwenyn Davies, pas franchement mauvais mais enfin les Coen font du Coen
sans inventivité particulière, ou, bien plus mauvais, carrément verbeux et
ennuyeux, The Master.
En compensation de cette
moindre fréquentation des salles obscures je me mets à regarder un peu plus la
télévision. En particulier j’ai commencé à découvrir le monde des séries et il
y en a de vraiment remarquables. Je me suis régalé avec Borgen dont j’ai pu voir
aussi les précédentes saisons. Magnifique aussi, images somptueuses, inventivité
cinématographique, art du raccourci et gouffres psychologiques, Top of the Lake de Jeanne Campion. Enfin j’attends avec impatience le
retour de Real Humans et de ses hubots, une série qui, au delà et de son intensité
dramatique et de l’efficacité de son récit qui sait nous tenir en haleine de
jeudi en jeudi, pose des questions cruciales sur le devenir de l’humain en un
temps où se profilent les symbioses homme/machines.
D'accord pour Syngué Sabour, Rêves d'Or, Blue Jasmine, Tirez la langue. J'ai quand même bien aimé la vie d'Adèle et j'ajouterai le dernier Polanski et le Mallick. Une mention aussi pour le dernier film chinois, "a touch of sin".
RépondreSupprimerMais le meilleur film de l'année 2013, c'est pour moi : "La grande Belleza".
Carmilla
Quant à moi, je me suis prodigieusement ennuyé à la vision de "La grande bellezza", j'ai été fort impressionné par "Syngué sabour", séduit par "Wadjda", interpellé par "A touch of sin". J'ai beaucoup aimé aussi "La petite Venise" d'Andrea Segre.
RépondreSupprimerOui moi aussi j'ai bien aimé La vie d'Adèle, c'est un film à voir, je trouve juste que la critique en a fait un peu trop en la présentant comme un chef d'oeuvre absolu, alors que le film a beaucoup de défauts.
RépondreSupprimerPour La Grande Belleza je me suis moi aussi ennuyé pendant la première demi-heure et puis je suis entré dedans et alors là ça m'a beaucoup plu, c'est typique de certains films pour lesquels à peu de chose près ça passe ou pas, c'est tout ou rien.
Contente de savoir qu'un film québécois (Rebelle), qui a été nominé pour l'Oscar du meilleur film étranger (mais comment être de taille quand il y avait Amour de Haeneke dans cette catégorie!) fasse partie de ta rétrospective.
RépondreSupprimerMoi aussi, j'ai trouvé que le buzz médiatique autour de La vie d'Adèle (un excellent film, certes, mais pas sans imperfections et longueurs) avait été un peu excessif.