Voici les tous derniers
jours de l’année. Il est temps de souhaiter le meilleur à toutes celles, tous
ceux qui passent par ici, vieux complices de blogosphère, visiteurs anciens ou
nouveaux ou passant(e)s de hasard. Et occasion aussi d’un petit
billet sur ce blog trop délaissé…
C’est la première fois que
nous fêtons Noël ici depuis notre installation. Nous avons eu cette envie et
avons renoncé à l’habituel réveillon familial chez la mère de D. en banlieue
parisienne. D’autant que nos garçons avaient envie de venir passer quelques
jours ici de même que mon père. On s’est donc retrouvé ici à six, nous deux,
fils aîné et sa compagne, fils cadet, mon père, une tablée bien plus restreinte
que la grosse vingtaine que nous sommes lorsque nous nous réunissons avec la
famille de D. Je préfère quant à moi ces assemblées plus intimes où la parole
circule mieux. Et pour mon père aussi c’est beaucoup mieux. Il est bien moins
gêné par ses difficultés d’audition lorsqu’on est en petit comité que dans le
brouhaha de trop grandes tablées. Il discute beaucoup avec ses petits-enfants,
sur leur travail, sur leurs intérêts scientifiques et sur les avancées de la
recherche, sujet qui le passionne, et c’est pour moi un grand plaisir
d’assister à ces échanges générationnels, de me sentir l’entre-deux et le lien
entre la génération qui me précède et celle qui me suit.
Deux soirs de suite aussi on
s’est amusé à ressortir de vieux films super-huit. Cela faisait des années
qu’on ne les avait pas visionnés. Le vieux projecteur fonctionnerait-il
encore ? Les films se seraient-ils bien conservés ? Les collages
faits au montage tiendraient-ils ? Le prétexte de départ était de montrer
les garçons petits à l’amie de S., mais on a été bien au-delà, on a retrouvé
quelques bobines très anciennes, lorsque j’étais moi-même enfant. On a fait quelques
plongées début des années 60 au moment où mon père avait acquis sa première
caméra double-huit et début des années 90. Vertiges à saisir les ressemblances,
des expressions, des attitudes corporelles de mon père année 60 que je retrouve
sur moi années 90, mes expressions d’enfant années 60 dans celle de S. années
90. Les visages aussi de ma mère, de mes grands parents. On avait eu bien sûr
de temps en temps l’occasion de revoir des photos de ces époques là dans des
albums mais il est sûr que les images animées portent d’autres choses, plus
fortement évocatrices. Ces films ne sont pas archivés, il y a juste sur la
bobine l’année et le lieu sans précision, on ne se souvient plus des contenus
précis. Donc on a eu quelques surprises en les regardant. Il faudrait peut-être
prendre le temps de revisualiser l’ensemble, de noter les contenus de façon
plus détaillée, voire aussi envisager d’en numériser au moins quelques-uns.
Le temps a été parfois agité
mais a ménagé aussi de beaux moments d’éclaircie qui ont permis quelques
agréables promenades. Là encore c’était plaisir de pouvoir les faire à trois
générations. Mon père vieillit. Il devient plus lent en tout et notamment pour
marcher. Mais tout de même, il marche et il grimpe, disons que nous mettons
trois heurs à faire des promenades que nous aurions faites en deux il y a peu
d’années. Mais il faut en profiter, prendre conscience du précieux de ces
moments, les accumuler en soi en tâchant de ne pas les colorer de trop de nostalgie
du temps qui passe, du temps qui est passé. Impossible cependant, faisant avec
lui le tour du lac, de ne pas m’y revoir avec mon grand père, à peu près au
même âge, mais c’était les derniers mois où il était encore vaillant, j’ai
l’impression que c’était hier et c’était il y a vingt-cinq ans.
Hier nos garçons sont
repartis. Nous les avons conduits à Toulouse. Avant qu’ils ne reprennent leur
train nous avons eu le temps de faire un joli tour du centre qu’ils ne
connaissaient pas, tour classique depuis la gare où nous nous étions garé
jusqu’aux berges de la Garonne avec les arrêts emblématiques à Saint-Sernin et
aux Jacobins. Là encore belles lumières, entre averses et éclaircies, ciel mouvant,
ciel bleu, ciel noir, beau soleil du soir, dorant les pierres roses des façades
et faisant étinceler, depuis le milieu du Pont Neuf, une Garonne haute et
tumultueuse.
Cet après-midi nous ferons
un petit saut à la Mairie pour nous inscrire sur les listes électorales. Cela
me fait drôle, moi qui suis resté un vieil électeur fidèle au 13°
arrondissement, même pendant les quelques périodes où je n’y ai pas habité. On
a hésité dans la mesure où on garde un pied à Paris mais il n’y a pas de doute
qu’on sera désormais bien plus souvent ici et que donc cela fait sens
d’accomplir ce basculement.
A l’année prochaine, en
commençant par mon rituel bilan cinéma, qui ne saurait tarder. Belle année à
toutes et tous !