Je n’ai que rarement eu
l’occasion d’être à Paris au mois d’août et jamais peut-être à la mi-temps du
mois. Je suis frappé par l’extraordinaire calme de la ville, les rues m’y
paraissent presque vides, aussi bien de piétons que de voitures, le
périphérique lui-même hier à la mi-journée ne déroulait qu’un flot très espacé
de véhicules, la rumeur de la ville est assourdie…
D. est repartie quelques
jours en banlieue chez sa mère, je mène un petit train tranquille, je me
promène beaucoup, marche le nez au vent, je n’ai pas tant que ça envie de me précipiter
dans les salles obscures ou dans des expositions, et d’ailleurs il n’y a pas
grand-chose de très affriolant au programme. J’ai vu deux films quand même, Gold
de Thomas Arslan, pas mal mais une progression un peu téléphonée et Je ne
suis pas mort de Medhi Ben Attia, très décevant. Il ne fait pas trop
chaud, ce qui est agréable pour la promenade, mais, rien à faire, même sans
canicule, même avec une circulation allégée, Paris pue, surtout l’après-midi.
Mes pas m’ont mené plutôt
dans des lieux déjà connus, dans mon quartier élargi plutôt qu’à l’autre bout
de la capitale. Je note les changements. Il y a de ci de là pas mal de nouveaux
pochoirs de MissTic, quelques jolis murs peints qui n’y étaient pas. Dans une
petite rue derrière la Manufacture des Gobelins un terrain vague qui avait
longtemps résisté et que j’ai photographié à plusieurs reprises a disparu, il
s’y est construit un important bâtiment qui abritera crèche et centre de PMI.
Nécessaire sûrement mais la disparition des rares espaces à l’abandon qui
persistaient dans Paris est toujours un peu triste. D’autant que le bâtiment,
du moins en l’état (il n’est pas tout à fait terminé) me parait peu
réussi : de gros cubes un peu écrasants, qui ne ménagent pas de
respiration, et qui étouffent la rue très étroite dans lequel ils sont
construits. Je suis resté assez longuement dans le jardin public proche à lire,
mi-ombre, mi-soleil. Le parc aussi était très vide, pas de jogger ou de taïchiste
comme à l’habitude, quelques mamies, quelques jeunes enfants dans l’espace
jeux, mais si peu par rapport à l’habitude. Je me suis souvenu être venu ici
bien des fois avec mes propres enfants petits, il y a quoi, vingt, vingt-cinq
ans ! Puis m’est remontée une autre image oubliée, ancienne aussi quoique
plus récente, je n’étais plus avec les enfants, c’était un début d’été, fin
juin sans doute, il faisait extrêmement chaud, je passais en solitaire dans ce
jardin et m’y était assis à l’ombre pour lire mon journal. Une jeune femme très
belle était arrivée avec un petit garçon. Elle portait une robe légère
extraordinairement courte. Elle a accompagné l’enfant sur l’aire de jeu,
l’aidant à grimper sur un toboggan, contrôlant ses descentes, se penchant vers
lui quand il jouait dans le sable, totalement insoucieuse (ou, qui sait, très
consciente) de ce qu’elle révélait de son anatomie à chacun de ses mouvements.
Je me suis déplacé, Cédant à ma vieille
pulsion voyeuriste, j’ai changé de banc pour mieux être au spectacle, ne jetant
plus que des coups d’œil distendus sur mon journal pour donner le change. Elle
était restée un long moment puis était repartie, donnant la main à l’enfant et
je l’avais suivi des yeux jusqu’à ce qu’elle s’efface. Quelque temps plus tard
j’avais, partant de cette image et lui imaginant une suite, écrit une jolie
petite nouvelle érotique.
Est-ce cette
évocation ? En rentrant, j’ai eu envie d’écrire. J’ai repensé à un
scénario imaginé il y a pas mal de temps déjà. Une nouvelle est venue assez
facilement. Je me suis fait plaisir à l’écrire. Comme chaque fois que je me
risque à la fiction, j’ai été surpris de ce qui sortait, de la façon dont les
mots en entraînent d’autres et nous conduisent un peu ailleurs, un peu plus
loin que là où on passait aller d’abord. C’est ça le plaisir de la fiction, ces
surgissements que l’on n’attendait pas, ces surprises que l’on se fait à
soi-même. En l’occurrence ici, c’est au milieu de l’histoire inventée, une
bribe d’un souvenir qui s’est imposée et qui s’est tressée dans le récit. Je me suis rendu compte en enregistrant ma petite
nouvelle avec les autres, que je n’en avais pas écrit depuis 2010. J’avais tort. Je me régale quand je prends
le temps de m’y mettre. Et ça relance de façon générale la machine à écrire
puisque, à peine avais-je terminé, que j’ai eu envie d’écrire ce petit billet.
Peut-être est-ce aussi ce
moment de latence parisienne, cette solitude paisible, qui a favorisé cette
envie d’écrire. Tout à l’heure, D. revient de banlieue et ce soir nous avons
fils ainé à dîner, entre nos voyages et les siens, cela fait plus de deux mois qu’on ne
l’a pas vu, c’est un plaisir aussi de telles retrouvailles…
hello Bernard!
RépondreSupprimerQue tu te sois remis avec plaisir à l'écriture me remplit de joie...
Vas-tu nous donner l'occasion de lire cette nouvelle? ;-))
Suite de Coum: Si oui... si l'envie te titille, si tu as besoin de consignes de base, viens nous rejoindre sur Kaléïdoplumes, je serai si contente de t'avoir avec nous :o)
RépondreSupprimerAlors ?
RépondreSupprimerLa publication de ce recueil de nouvelles ?
C'est pour quand ?
Ça sert à quoi d'écrire pour le garder au fond de son ordinateur ? hein ? hein ?
(cette dernière phrase reprend en substance tes propres propos d'il y a peu....)
Ravie de voir que tu te (re)mets à l'écriture... à la fiction... et je ne peux que rejoindre AlainX dans sa question !!!
RépondreSupprimerJe profite d'une brève connexion bretonne pour vous faire un coucou à tous.
RépondreSupprimerUne autre nouvelle est en cours.
Publier? qui sait, maintenant que c'est devenu très facile et que chacun peut s'autopublier, peut-être y viendrais-je...
Cassy, merci de ta proposition, mais je ne suis pas spécialement en manque de consignes, en fait j'ai quelques vieilles idées dans mes tiroirs mentaux, faut juste que je m'y mette...