Retour à Paris où j’ai passé
une dizaine de jours autour du premier mai. Impression confirmée de ne plus me
sentir de là-bas. Sensation d’y étouffer. La foule, les odeurs, les bagnoles, le
clinquant des magasins et en, contrepoint, les gens qui font la manche, tout ça
m’est pénible. Je souriais avec une pointe de condescendance face aux amis
provinciaux en goguette parisienne lorsqu’ils me tenaient ce genre de discours
et voici que je tiens les mêmes ! La conversion n’a pas traîné. Par
exemple je me suis incroyablement déshabitué du métro que j’ai pourtant tant pratiqué
sans m’en sentir plus gêné que ça, il me parait désormais un éprouvant étouffoir
et un lieu foncièrement inhumain même si bien sûr je l’emprunte toujours. Bon, j’ai
profité de mon lot de consommation culturelle avec plaisir, plusieurs bons films,
plusieurs expos, j’ai apprécié, spécialement l’exposition sur la peinture
allemande au Louvre qu’il était passionnant de faire dialoguer en soi avec
celle sur l’Ange du Bizarre à Orsay. Et puis aussi de quelques rencontres
amicales qui me tenaient à cœur. Mais je me sentais vraiment en voyage, plus chez
moi.
Retour ici. Temps très
occupé par la présence d’amis profitant du viaduc du huit/douze mai et aussi
très encombré, trop, de tâches auxquelles je me suis engagé pour l’APA, mise en
page de la revue et restructuration en cours du site internet de l’association,
il faut que je contrôle mon engagement pour qu’il reste un plaisir, là je frôle
la saturation et n’ai guère eu le loisir de m’occuper d’autres projets qui me
tiennent à cœur. Balades tout de même bien sûr et plaisir notamment de faire
découvrir à nos amis quelques uns des endroits les plus beaux du coin. Plaisir
de l’air léger, tellement en contraste avec celui de Paris, plaisir du jardin
aussi, des floraisons qui se succèdent, ouverture, épanouissement, déclin, cela
donne une épaisseur au temps et aux saisons. Les lilas sont finis et déjà nous
en avons taillé les buissons, les clochettes des muguets, si dressées, si blanches
et brillantes il y a quelques jours, se sont affaissées et ternies, la glycine qui
sentait fort sous notre fenêtre a perdu toutes ses fleurs au dernier coup de
vent, mais une nouvelle série d’iris s’est ouverte succédant à d’autres plus
précoces, la tonnelle qui était nue s’est couverte du vert tendre de la vigne
vierge, les roses éclosent à grande vitesse. Surtout nos plantations de l’automne
laissent entrevoir les fruits à venir, fleurs sur les framboisiers, micro-grappe
qui commencent à apparaître sur les pieds de vigne et dont chaque jour on
scrute l’évolution. Tout cela qui est sans doute fort banal est une découverte
pour moi, les saisons qui passent ce n’est pas juste, il fait plus chaud ou il
fait plus froid, tiens, les arbres reverdissent ou, tiens, les feuilles tombent,
non, le basculement des saisons est fait de toute une série de mini basculements
successifs que l’on ne perçoit pas aussi bien dans la grande ville (ou auxquels
on n’est pas attentif) et c’est une jouissance de s’en pénétrer.
Retour au blog. Il était
presque déserté, encore une fois quasiment oublié. Mais l’envie tout de même de
poser des mots m’a quelquefois traversée. J’ai laissé passer. Sauf aujourd'hui.
Plaisir simple à écrire ces quelques lignes. Mais conviction aussi que l’outil
que je me suis donné avec ce nouveau blog, l’esprit dans lequel je croyais vouloir
le tenir au moment où je l’ai créé, ne correspond pas à mes envies et besoins
réels. Mais je reviendrai là-dessus. L’anniversaire de première année, déjà
passé d’ailleurs, pourrait être une bonne occasion de faire le point et de
prendre peut-être encore une autre direction.
coucou Bernard...
RépondreSupprimervoilà donc que le citadin que tu étais il n'y a pas si longtemps, est devenu un amoureux de la nature
On te sent heureux dans ta nouvelle vie... ça fait plaisir à lire...
Ton passage me fait plaisir Coum, comme celui de Pierre sur le précédent billet. Ce sont ces petits signes de passage qui entretiennent encore mon blogging vacillant, mes billets s’apparentent de plus en plus à des lettres collectives pour donner des nouvelles à quelques amis...
RépondreSupprimer"mes billets s’apparentent de plus en plus à des lettres collectives pour donner des nouvelles à quelques amis..."
RépondreSupprimer>>> c'est toujours cela :)
Quoi qu'il en soit, je te lis toujours avec plaisir. :-)
RépondreSupprimerBise
Vous n'avez manifestement pas encore trouvé vos repères dans votre nouveau blog. On sent que, parfois, vous vous forcez pour poster malgré tout.
RépondreSupprimerIl faut peut-être que vous trouviez une nouvelle orientation, une nouvelle perspective. Essayer de faire quelque chose d'autre sans rupture complète bien sûr.
Il y aura peut-être un jour un déclic et ça repartira avec encore plus d'ardeur. Mais il ne faut pas aujourd'hui abandonner. On aime bien "votre petite musique".
Carmilla
Je te comprends bien maintenant que je viens d'acheter un studio en Bretagne, au bord de la mer. Je n'y ai passé encore qu'une semaine, mais le retour à Paris a été surprenant : après cette plongée dans un lieu presque désert entre plage et forêt, pour la première fois (alors que j'ai toujours retrouvé paris avec plaisir en rentrant de voyages) j'ai été gênée par la foule, les visages froids, l'atmosphère oppressante du métro, ses passagers trop souvent agressifs, la tristesse et la misère impossibles à éviter... Il m'a fallu quelques jours pour me réadapter, et non pas quelques minutes comme auparavant ! Tu as fait un bon choix ! Paule
RépondreSupprimerTiens, Paule toi par ici... ça me fait plaisir. Et merci de vos passages.
RépondreSupprimerC'est toujours un plaisir de te lire, notamment comment se passe cette sorte de petite révolution culturelle (au sens habituel du mot mais aussi au sens de cultiver son jardin concrètement !) qui te fait passer du citadin au campagnard.
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