Il y a eu ces derniers jours
une brusque accélération du passage en printemps. Après une semaine de vent
d’Autan violent et deux jours de pluie, la température est soudain montée à un
niveau très agréable, ni trop chaud, ni trop froid.
Samedi on a sorti la table
et on a pu prendre nos premiers repas en terrasse à midi comme le soir, sous la
glycine en pleine floraison. Il fait plus doux dehors qu’à l’intérieur de la
maison. Ces vieilles bâtisses aux murs épais se réchauffent lentement. Mais, ce
qui est éventuellement un inconvénient aujourd'hui, devient un avantage appréciable
quand viennent les grosses chaleurs. Dans le jardin les iris sont ouverts depuis
quelques jours déjà et une première rose solitaire s’est épanouie sur la
tonnelle. J’ai tondu la pelouse, odeur délicieuse de l’herbe coupée, petit
pincement à zigouiller du même coup pâquerettes et violettes, mais quelle
vitalité, dès le lendemain, de nouvelles fleurettes avaient surgies. Sur les
arbres et arbustes, les pousses nouvelles, d’un vert si tendre, se déploient de
jour en jour. Dans la bande de merles qui fréquentent le jardin, il en est un qui
est particulièrement peu farouche. Il picore à deux mètres de nous et nous
surveille du coin de l’œil. On l’a vu faire longuement son affaire à un ver de
terre, il te le picorait, te le secouait, s’éloignait puis revenait, un peu
comme un chat jouant avec une souris ou, tiens, justement, un oiseau…
Hier en début d’après-midi
je suis parti pour une grande promenade à vélo. Le lundi se sont balades
solidaires car D. va à son atelier de poterie. J’aime les promenades partagées
mais beaucoup aussi les promenades en solitaire où on est totalement avec
soi-même, totalement libre de sa direction, de son rythme, de ses rêveries.
Bords plaisants et ombragés de la Rigole qui depuis trois siècle conduit les
eaux de la Montagne Noire au Canal du Midi en serpentant dans la plaine. Aujourd'hui
les chants d’oiseaux sont particulièrement nombreux ou est-ce seulement,
qu’étant seul, je les entends mieux ? Je m’attache à essayer de distinguer
les voix qui s’entrecroisent mais je n’y connais pas grand-chose et ne sais
reconnaître qui est qui. Bref arrêt pour observer le manège d’un ragondin. Puis
je quitte la Rigole, file vers la ligne des collines et poursuis mon chemin à
leur pied. J’aime vraiment le paysage d’ici avec ses douces ondulations, ses
haies nombreuses, ses anciennes maisons de maîtres entourées de beaux bouquets
d’arbres, sa campagne toujours vivante, avec des champs cultivés, des animaux
dans les prairies. Il y a beaucoup de régions de France, où traversant la
campagne, on est frappé et attristé par les friches et le nombre de maisons à
l’abandon. Ce n’est pas le cas ici et c’est heureux. Je sens sur moi la chaleur
du soleil et j’en viens même, préfiguration de l’été, à coiffer ma tête d’un
couvre-chef d’aspect sans doute assez ridicule, avec sa jugulaire qui le retient
serré pour l’empêcher de tomber sous l’effet d’un coup de vent ou des
descentes. Je file entre les blés - maintenant un tapis profond de jeunes pousses au vert intense, lustré, alors qu'il y a quelques jours ce n'était qu'un ras gazon - et les rectangles des colzas, dont le jaune éclatant fait contraste et dont l'odeur entêtante, à certains endroits, fait un peu tourner la tête. Au loin, les Pyrénées, encore bien enneigées mais pas très nettes,
le ciel est un peu brouillé. Je n’ai pas d’appareil photo mais j’emmagasine les
images dans ma tête et me viennent déjà des mots et l’envie de les poser…
Ça fera toujours un petit billet
d’ambiance pour blog somnolent…